
Patrick Hunault
p.hunault@darco-valves.com
Membre d’IDESO
Un « Avant », un « Après » ?
Il est temps de remettre l’humain au cœur de nos vies. La crise sanitaire montre à quel point nous avons besoin de valeurs collectives et combien l’économie de masse fragilise nos équilibres.
Par ces temps de crise sanitaire majeure, nous découvrons ou redécouvrons la fragilité de l’espèce humaine et de ce qui a façonné notre monde depuis près de 50 ans, la globalisation. Nous avons assisté à l’effacement progressif de l’Humain au profit de l’économique et du financier, à l’affaiblissement du local au profit du global, à la quasi disparition du politique au profit de la politique. Plongés dans une crise inédite, nous assistons depuis quelques semaines au grand retour de l’Homme, à celui du « local » et du « politique ».
Le grand retour de l’Homme, c’est d’abord la redécouverte par la force des choses, de la fragilité humaine que beaucoup nous avait fait croire d’un temps révolu, tout au moins dans nos pays développés. Les pandémies ne sont pas ou plus l’apanage de pays sous-développés ou de minorités. L’Homme redécouvre sa propre vulnérabilité et sa temporalité.
Le grand retour de l’Homme, c’est aujourd’hui en France, en Italie et en Espagne, la mise à l’arrêt des économies, fait réellement sans précédent, la prise de conscience que l’Homme « fait » l’économique et que sans lui le système s’effondre inexorablement. Préserver la santé individuelle et collective, c’est aussi préserver l’avenir de notre économie. C’est un véritable renversement des valeurs qui vient de s’opérer en pleine crise. Saura-t-on préserver cette nouvelle hiérarchie après la crise ?
Le grand retour de l’Homme, c’est la redécouverte en période de confinement, que l’Homme est un « animal social » qui a un besoin vital d’altérité, de contact avec l’autre, d’échanges, de vis-à-vis, besoin auquel les WhatsApp, Facebook, House party et autres, ne répondent que partiellement.
Le grand retour du Politique, c’est l’apparition de nouvelles solidarités, le « nous » qui l’emporte sur le « Je », l’affirmation du vivre ensemble. La politique, jeux et stratégie de conquête puis conservation du pouvoir, nous divise, le politique nous réunit. Il donne Sens et Raison d’être à la vie et l’action commune.
Le grand retour du local, c’est comprendre enfin que la globalisation à tout-va que l’on pensait incontournable, peut se révéler une énorme source de faiblesse. Nous avions imaginé à la fin des années 90 qu’elle permettrait d’étendre au monde notre modèle occidental de démocratie et d’économie libérale au service du bonheur de tous ; elle y a échoué, nous le savions déjà. Cette crise nous révèle en outre que l’interdépendance économique et l’économie de masse qu’elle prône peuvent paralyser notre système, qu’elles sont facteurs de contagion sanitaire et économique. La redécouverte du local auquel nous assistons depuis le début du confinement se confirmera-t-elle dans l’après-crise ?
Y aura-t-il un « avant » et un « après » comme nous nous complaisons à le répéter depuis quelques semaines ? Saura-t-on tourner la page d’un modèle en perdition pour en ouvrir une nouvelle qui réconciliera l’Humain, le social, le sociétal et l’économique. Nul doute que l’économique et le financier reviendront au galop quand la crise sanitaire passée, l’heure des bilans et de la remise en route de nos entreprises arrivera. Eviterons-nous l’amnésie, l’oubli de ce qui sera encore un passé récent, pour reprendre de plus belle comme avant ? C’est à nous dirigeants de TPE-PME en premier lieu que revient ce choix dans ce qui est notre champ d’action, à savoir nos entreprises. Nous avons tous une occasion inédite de mettre en pratique ce que nous promouvons au sein d’IDESO depuis des années, l’Humain, le Sens et la Raison d’être, l’ancrage territorial, pour donner naissance à une nouvelle solidarité intra et inter-entreprises. Prenons ensemble des initiatives locales pour créer cet autre lendemain tant attendu par nous tous.