
Michaël Troquet-Geslin
Responsable Développement du Label LUCIE
michael.troquet@agence-lucie.com
+33 6 23 14 50 86
La RSE pour les PME. Quand une labellisation crée de la valeur
La Responsabilité Sociétale des Entreprises est aussi l’affaire des PME. Pour elles, prendre appui sur la norme internationale ISO 26000 est certainement le meilleur outil pour sereinement et positivement mettre en oeuvre une démarche RSE
De plus en plus d’entreprises, y compris les PME, s’intéressent à la RSE : Responsabilité Sociétale des Entreprises. Et pour cause, d’une part, des pratiques non responsables restent encore largement répandues alors que les enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux sont en train de monter en puissance (réchauffement climatique, érosion de la biodiversité, diminution des ressources, augmentation des pollutions, hausse des inégalités, enjeux de santé publique, etc.)
En parallèle, les attentes des citoyens évoluent, l’entreprise ne peut plus être un simple acteur économique. Elle doit créer du sens, avoir des valeurs, un comportement éthique et remplir sa mission en adoptant un modèle économique positif pour les hommes et leur territoire.
Dans ce contexte, les PME sont sollicitées de façon croissante par leurs diverses parties prenantes (consommateurs, clients en B2B, dans le cadre d’appels d’offres publics, par leurs collaborateurs…) pour mettre en œuvre des actions RSE et apporter des preuves de celles-ci. De plus, la règlementation se développe sur les différents sujets RSE (lois Grenelle, loi de transition énergétique, loi PACTE, loi sur le devoir de vigilance, obligation de reporting extra-financier…).
Face à cette montée en puissance des exigences sur le sujet, beaucoup de PME cherchent des solutions mais se retrouvent face à une myriade de définitions, de démarches, de labels… et ont souvent du mal à s’y retrouver. A commencer par la notion même de RSE qui apparaît la plupart du temps comme obscure.
Un besoin de clarification sur la notion de RSE
La RSE est l’application des principes du développement durable à l’entreprise. De façon très simple, il s’agit de la manière dont une société gère son activité dans le respect de l’humain et de l’environnement. Mais afin de réellement mener son activité de façon responsable, la plupart des entreprises ont besoin d’être guidées.
Il existe un outil de référence répondant à ce besoin : la norme internationale ISO 26000[i]. Ayant la particularité de ne pas être certifiable, cette norme a deux grands avantages :
- Il s’agit du référentiel le plus complet en la matière. Par conséquent, quand une entreprise base sa démarche RSE sur l’ISO 26000, elle est assurée de n’écarter aucun sujet et d’avoir une politique RSE complète.
- La norme donne une définition claire du sujet. Chacun ayant sa propre définition de la RSE, la norme ISO 26000 a le mérite de mettre tout le monde d’accord, permettant ainsi à l’entreprise et ses parties prenantes (toute organisation étant liée de près ou de loin aux activités de l’entreprise) de « parler un langage commun ».
L’ISO 26000 définit ainsi la RSE à travers 7 « questions centrales » et 36 « Domaines d’Action ». Il s’agit de 7 grands chapitres ou thématiques et de ses sous-parties. Les 7 thématiques sont les suivantes :
- La Gouvernance de l’organisation
- Les droits humains
- Les relations et conditions de travail
- L’environnement
- L’éthique des affaires
- Les questions relatives aux clients et consommateurs
- Le développement local et les actions sociétales
En fonction de la méthode qu’une entreprise va utiliser pour sa démarche RSE, celle-ci traitera tout ou partie de ces sujets.
On peut répertorier les différents types de solutions pour agir en RSE comme suit :
- Construire sa démarche soi-même (auto-déclaratif) ;
- Se faire accompagner par un consultant ;
- Signer une charte développement durable / RSE ;
- Adhérer à un réseau développement durable / RSE (local, régional ou national) : combinable avec l’un des trois, ou les trois, critères précédents ;
- Procéder à une évaluation (audit) de ses pratiques RSE (à distance ou sur site) ;
- Engager une démarche de labellisation développement durable / RSE (générique pour tous secteurs d’activité, ou sectorielle) combinable avec l’une ou toutes les solutions précédentes.
Parce que d’une part, la RSE est un sujet nécessitant un engagement fort et qui se gère sur le long terme, et que d’autre part, il est nécessaire qu’un tiers-expert vérifie ce que fait l’entreprise afin d’assurer la crédibilité de sa démarche, le Label LUCIE a synthétisé les différents types de démarches RSE dans la matrice suivante. Cela permet également d’expliquer le positionnement de la Labellisation LUCIE 26000, volontairement le plus abouti possible.

Besoin de méthode avec une approche pratique pour les PME
Une fois cette clarification effectuée, l’entreprise peut alors choisir la démarche qui lui correspond. Parmi les options listées plus haut, nous traitons ci-après l’approche par une labellisation RSE.
Le choix d’une labellisation RSE permet non seulement de mesurer son niveau de maturité, mais aussi de structurer sa démarche et de se faire reconnaître comme une entreprise responsable. Les étapes clés pour cela sont les suivantes :
- Se poser les bonnes questions (parmi le foisonnement de labels existants). Il s’agira d’abord de choisir ce qui correspond le mieux : label produit ou label d’entreprise.
- Choisir le label en comparant les caractéristiques de chacun (cf matrice ci-dessus) : plus la démarche est complète et plus l’implication est forte, plus les retombées seront au rendez-vous.
- Avoir le soutien de la Direction et l’implication de ses parties prenantes, notamment internes (les collaborateurs). Avoir l’adhésion de la Direction n’est pas une condition suffisante mais c’est une condition nécessaire.
- Bien structurer sa démarche, en définir un plan d’action et l’intégrer à la stratégie globale de l’entreprise. Ceci rejoint le point 2 car la méthodologie pour cela peut être fournie clé en main en fonction de la démarche choisie. A ce stade, l’accompagnement par un consultant peut être complémentaire à la méthodologie fournie par le label.
- Communiquer et valoriser sa démarche, mais à condition que cela corresponde à des actions réelles.
Plus une entreprise choisira une démarche en profondeur, avec une méthodologie structurante et exigeante, plus elle en tirera de bénéfices. Ceux-ci sont de plusieurs ordres :
- Des retombées économiques positives. Celles-ci peuvent se traduire par une augmentation des ventes et/ou par une réduction des coûts grâce à la RSE. Entre autres études sur le sujet, celle de France Stratégie (2016)[i] a montré qu’en moyenne, les entreprises ayant une démarche RSE bien menée sont 13% plus performantes que celles qui n’en n’ont pas ;
- Une réduction des risques: tout sujet RSE non traité constitue un risque latent. Quand ce risque se réalise, les conséquences peuvent être gravissimes pour l’entreprise. Une démarche RSE complète et menée sérieusement permet de réduire ces risques ;
- L’augmentation de la valeur immatérielle de la société: le capital immatériel étant tout ce qui a de la valeur dans l’entreprise mais que l’on ne retrouve pas dans les comptes, la RSE permet d’augmenter celui-ci. Par exemple, des collaborateurs heureux au travail augmentent la valeur du capital humain de l’entreprise (cela se traduisant par moins d’absentéisme, moins de turnover, plus de productivité, la capacité à attirer de nouveaux talents, etc.) ;
- Un facteur de différenciation: montrer que l’on est une entreprise responsable et en apporter la preuve permet à une société de se différencier par rapport à ses concurrents.
- Un impact positif pour l’environnement et la société, contribuant ainsi à répondre aux enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux.
- La motivation et la fédération des équipes. La RSE, si elle est bien amenée dans l’entreprise, constitue projet très motivant pour les équipes et génère une expérience positive.
Une chose est sûre, la RSE n’est pas seulement une affaire de grandes entreprises ou d’ETI. De nombreuses PME et TPE sont très dynamiques et performantes en matière de RSE. Par exemple, au sein de la Communauté LUCIE (ensemble des organisations labellisées et en cours de démarche), plus de 80% sont des PME et TPE. Dès la création du label (en 2007), un soin particulier a été accordé au fait que le référentiel LUCIE 26000 (grille de travail) soit accessible à tous, quels que soient le type de structure, la taille, l’activité, etc., y compris aux « débutants en RSE ».
L’engagement réel et sincère en RSE de la « Communauté LUCIE » est notre plus grande fierté.
[1] https://www.labellucie.com/la-norme-iso-26000
[1] https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs_etude_rse_finale.pdf