
Christine Tanguy, dirigeante d’Air Quality Process, à Artix.
Arrivée en 1996, avec en poche une formation d’ingénieur spécialisée dans le froid industriel, Christine Tanguy savait où elle mettait les pieds. Son père, Jean-Louis Michel, n’avait jamais caché sa volonté de la voir un jour reprendre les rênes de la société familiale. Le savoir-faire? Un conditionneur d’air breveté, qui garantit une hygiène irréprochable lors du process de fabrication agroalimentaire, prisé notamment des fromageries. « Afin de maîtriser les métiers de la société, j’ai pratiqué quasiment tous les services ». Mais lorsqu’elle est appelée à prendre la direction, en 2010, les choses se corsent.
Si la transmission ne souffrait d’aucune ambiguïté, l’inquiétude, les doutes, les tâches qui s’accumulent ont rapidement pris le dessus lors de ses premiers pas de dirigeante. À cela s’ajoute le fait que le marché français arrive à saturation et que le besoin d’exporter devient impératif. « Je me suis posée beaucoup de questions. J’y vais, je n’y vais pas? Est-ce que je pourrai concilier vie professionnelle et privée? J’ai senti que je devais trouver des solutions sur moi car je doutais beaucoup ».
CIME et RSE, même combat
Le résultat? Une équipe très investie, même si c’est une affaire de personnalité, qui fait que tous travaillent dans le même sens afin que l’entreprise fonctionne de A à Z, du bureau d’études au service après-vente. « Quand le produit est bien mis en service, il y a moins de problèmes par la suite. Il s’en dégage un sentiment de fierté pour notre équipe puisque la satisfaction des clients entraîne celle de nos salariés ».
Parmi les outils utilisés, le diagnostic CIME, mené par l’association IDESO, s’est avéré très utile. « Au départ, j’avais une vision réductrice: chaque salarié percevait un salaire et devait donc effectuer un travail en conséquence. Le CIME a donné forme à un état des lieux assez caricatural ». Une réflexion que Christine Tanguy explique pudiquement en rappelant qu’elle n’est pas une grande communicante. « Le diagnostic CIME a aussi permis de mieux nous positionner sur notre politique Responsabilité Sociétale et Environnementale d’Entreprise (RSE).Lorsque nos clients nous demandent des éléments sur cette approche, ce sont de beaux questionnaires faits pour de grosses entreprises, avec des questions qui nous semblent inappropriées. J’ai valorisé le CIME en tant qu’outil, car il permet de faire un point sur les aspects qui servent à mieux impliquer le personnel et à faire tenir le projet dans le temps ».
Travail sur soi
C’est à ce moment-là que sont arrivées les formations Manager Leader I, II et III, dispensées par l’association Ideso. « C’était une démarche volontaire pour m’obliger à prendre du recul sur mon fonctionnement. Je croulais sous les différentes tâches. Comment diriger l’entreprise alors que je ne m’en sortais pas pour faire mon propre travail ? Pour la première séance de formation, nous nous sommes retrouvés, allongés par terre, à fermer les yeux et à méditer. Pas besoin de préciser que je me suis demandée ce que je faisais là. Mais petit à petit, je suis rentrée pleinement dans ces méthodes de concentration et de prise de recul. Ça correspondait aux problématiques que je ressentais. C’était basé sur la prise de distance, l’organisation des informations, le savoir faire confiance et déléguer. Si on fait tout soi-même, on n’y arrive jamais. Ça m’a beaucoup servi ». De ces formations, Christine Tanguy retiendra un regard différent posé sur son quotidien. « Contrairement au départ, où partir en formation était une galère et où je me disais que mes dossiers allaient prendre du retard, je fais aujourd’hui la part des choses. J’arrive à positiver ces périodes courtes ».
Une approche que Christine Tanguy vient à nouveau de confirmer, en faisant le choix de participer, depuis fin 2015, aux sessions Plato, organisées par Ideso.
Équipe investie
Un travail sur elle-même que Christine Tanguy a doublé d’une volonté d’impliquer davantage son équipe de 35 collaborateurs. « Je devais assurer la transition vers un management différent, avec une équipe jeune. L’export engendrait aussi des recrutements spécifiques. Au départ, seuls les commerciaux étaient au contact des clients. Au fil du temps, que ce soient des personnes du bureau d’études ou de l’atelier, chacun est parti en déplacement chez nos clients étrangers. Ainsi, même si le client se trouve à 10.000 km, on se sent proche de lui quand il nous contacte ».
85 % à l’export
Désormais, Air Quality Process exporte ses échangeurs en inox aux quatre coins du monde et réalise un chiffre d’affaires qui a doublé en 6 ans, dépassant maintenant les cinq millions d’euros. « 85 % se fait à l’export. En 2012, le marché français était devenu très atone et nous nous sommes réellement lancés à l’export, même si mon père avait déjà initié la démarche de nombreuses années plus tôt. Dès 2013, nous avons récolté les fruits. Des projets importants ont été remportés et il a fallu l’investissement de chacun pour assumer la charge au cours des deux dernières années. Depuis, les plus grandes caves fromagères du monde nous font confiance. C’est important puisque la référence amène la référence ».
Si elle pose un regard serein sur son parcours et son activité, et même si son agenda ne désemplit pas, Christine Tanguy sait bien que « l’équipe prime. Avoir le plus beau produit du monde ne sert à rien sans une équipe impliquée. C’est l’équipe qui fait la différence. Cette affirmation demeurera car on voit bien que si on fait attention à la problématique à résoudre, si on écoute bien le client pour dimensionner et mettre en œuvre le chantier, les contrats arrivent ».
Désormais fournisseur de très grands groupes internationaux, Air Quality Process devra réussir le challenge de la croissance qui s’annonce. « Même si nous sommes tournés vers l’export, nous n’oublions pas nos clients français qui nous ont toujours fait confiance. L’image de marque de la fromagerie française nous permet de vendre à l’export. Nous convainquons également aujourd’hui d’autres industries agroalimentaires françaises qui fabriquent des produits de qualité ». Ajoutez-y une pincée de R&D et vous obtenez la recette idéale pour aller de l’avant. « Tous nos essais et prototypes sont réfléchis sous le prisme de l’innovation, de l’efficacité énergétique, mais aussi et surtout de l’hygiène, qui est la marque de fabrique de nos conditionneurs d’air ».
Contact
christine.tanguy@airquality process.com
Vidéo du témoignage
+ lien vers son témoignage vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=qltI0fKv1DI&feature=youtu.be